Apparition du Château de Meauce sur sa motte féodale dès le XIème siècle
En 1070, Robert et Guy sont les premiers seigneurs de Meauce cités dans un acte. Quelle était la forme de leur château? Le socle rocheux taillé formant motte, disposition classique du pouvoir seigneurial depuis le Xème siècle dans toute l’Europe, pourrait remonter à cette époque et avoir été couronné d’une tour en bois suivant les modèles courants pour les seigneurs de second rang qu’étaient Robert et Guy.
Au XIIème et XIIIème siècles, apparition d’un château en pierre
Les dispositions du château roman de Meauce nous sont inconnues. Des vestiges sculptés réemployés sur le site, réputé provenir du lieu, intérrogent sur la construction possible d’un château en pierre au XIIème siècle, c’est le cas de la tête formant gargouille intégrée dans le mur Sud de l’actuelle basse-cour. Les trois têtes sculptées scellées dans le parement de l’excroissance maçonnée Nord du château sont difficiles à dater, et leur caractère roman incertain, mais témoignent de modification des maçonneries à des époques diverses. Au milieu du XIIIème siècle, Hugues de Meauce serait rentrer glorieux de la 7ème croisade aux côtés du roi Saint-Louis. Il aurait fait (re?-)construire le château à cette époque. S’agit-il des fondements en pierre du château actuel?
Au XIVème siècle: La construction du château de Meauce actuel
Dans les années 1360-1370, les Anglais sont signalés dans le Nivernais pendant la guerre de Cent Ans. Ils auraient ravagé un premier château à Meauce dont nous ne connaissons pas les dispositions. La famille de Meauce est propriétaire du château jusqu’en 1349 où Marguerite de Meauce, seule héritière, épouse Etienne de Monteurs (neveu du Pape Innocent VI). Une de leur fille épouse Renault de Roffignac en 1379. Un document de 1383 conservé aux Archives Départementales mentionne un château re-construit depuis peu (source Etude Préalable pour la resstauration du château de Meauce par Paul Barnoud ACMH en 1998), probablement bâti suite à ce mariage. Il s’agit certainement des bases du château actuel. Sur la motte est modernisée une enceinte sans tour suivant la forme appelée shell-keeps (tour maîtresse coquille) à l’intérieur de laquelle sont regroupées fonctions défensives et résidentielles.
Au XVème siècle Meauce se réveille de la Guerre de 100 ans
Les Roffignac sont propriétaires de Meauce pendant plusieurs siècles. Régnault exerce l’importante charge de chambellan du roi Charles VI en 1408 qu’il transmet à son fils Guyot. Son château de Meauce lui est confisqué au début des années 1420 lorsque le Duc de Bourgogne Philippe le Bon s’oppose à Charles VII. Guyot de Roffignac ne le récupérera qu’en 1438 contre une lourde rançon et dans un triste état. L’analyse attentive de l’édifice montre que les Roffignac modernisent et agrandissent Meauce durant le XVème siècle. Elle permet de discerner des extensions successives très imbriquées sans permettre de donner une datation précise.
À la fin du XVème ou au début du XVIème siècle, réaménagement du Château de Meauce
Le château connaît une importante campagne de travaux pour lui donner ses dispositions générales actuelles : Une aile est construite au Sud de la cour ainsi que la tour d’escalier principale, permettant de relier les deux bâtiments en un logis unique. Les cuisines sont conservées et la partie Nord et Est du château, logis et défense originels semblent devenir des communs dont l’importance secondaire est affirmée par des toitures plus basses et en tuiles alors que les hauts versants du logis sont en ardoise.
XVIIème siècle: Interventions ponctuelles, les grands communs apparaissent
Jusqu’à la fin du XVIIème siècle, le château appartient toujours à la famille de Roffignac. Les communs sont dotés d’un colombier neuf en 1636. Le château proprement dit reçoit des aménagements nouveaux comme la cheminée de la chambre au-dessus de la grande salle. La couverture de la cour entre les deux parties du logis, au Sud du château, pourrait également remonter à cette période : En effet la charpente en pavillon ainsi que celle de la tour d’escalier également refaite à cette époque ou au XVIIIème siècle, renforcées de clavettes de métal semblent de cette époque. Cette couverture est composée d’un haut pavillon à l’arrière de la tour d’escalier qui renforce encore la prééminence du logis dans la composition d’ensemble. Avec cette construction, la courtine primitive est désormais totalement bordée de bâtiments.
XVIIIème siècle, du château fort à la demeure de plaisance
En 1772, le domaine est vendu à Benoît Moreau des Marais qui entreprend d’importants travaux pour moderniser la demeure et la rendre plus confortable. S’il ne modifie pas les volumes généraux du château, ce projet gomme les caractéristiques défensives de la construction. Le pont d’accès au château est supprimé et remplacé par un terre plein encadré de vastes bâtiments de communs. La porte d’entrée en arc brisée est partiellement bouchée et prend la forme plus classique d’un arc surbaissé. Une grande porte ouvre sur la grande salle depuis la cour, rendant le passage par la tour d’escalier secondaire. De larges baies sont ouvertes dans la courtine originelle pour ouvrir des vues vers l’Ouest et le Sud sur l’Allier et éclairer les amples salles médiévales et Renaissance.
Les décors intérieurs sont renouvelés et des lambris sont installés.Les vestiges de couleurs claires sur les poutres de plancher, souvent bleu pâle, laisse envisager que ces dernières ont été laissées apparentes et recouvertes de teintes en accord avec les lambris neufs. En 1781, La fille de Benoît Moreau des Marais épouse Eloy Tissonnier, ancêtre de la famille Héron de Villefosse qui reste propriétaire du château jusqu’en 1971.
XIXème et XXème siècles: Entretien chaotique, Monument Historique et abandon
Durant le XIXème siècle, le château reste habité et est entretenu: décors et enduits du logis sont partiellement renouvelés. En 1923, il est partiellement protégé au titre des Monuments Historiques: la tour d’escalier principale et sa tourelle attenante sont classées. L’état général du château est mauvais et le propriétaire s’engage dans la restauration des toitures non protégées des ailes basses et de la partie Ouest du logis qu’il remplace en tuiles plates. La restauration de la tour d’escalier en ardoise est effectuée en 1924 avec l’aide du service des Beaux-Arts. C’est donc à cette époque que la distinction des matériaux de couverture entre logis en ardoise et parties anciennes devenues communs en tuile disparaît partiellement. En 1971, le château est vendu au réalisateur de cinéma Jean Devaivre. Une restauration des couvertures s’engage sur la partie Ouest du logis mais est brutalement arrêtée par un contentieux entre le propriétaire et le Service des Monuments Historiques. Le chantier ne sera pas repris, seule une partie des charpentes du logis Ouest ainsi que le versant Ouest de toitures sur douves, malheureusement reconduit en tuiles, seront restaurés. Le reste des charpentes sera laissé en l’état et les toitures les plus altérées déposées et remplacées par des tôles. Dans les années 1990, la propriété est morcelée et les communs sont vendus à M. de Lavergne à qui la famille Devaivre n’acceptera de vendre le château, malgré son abandon total, qu’en 2015. M. de Lavergne ne gardera le site complet qu’un an et les propriétaires actuel M. et Mme Cédric Mignon vont l'acquérir en juillet 2016.
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